Au premier mouvement, noyade sublime dans un mystère insondable, on préférera tout de même les mouvements 2 et 4 de Melencholia Si…, plus accessibles…Umherliegende Objekten, le second mouvement, commence et s’achève avec de très toniques mouvements d’imitation du piano et des percussions. Cet assemblage de sonorités nous fait toucher enfin le rêve de Bartok : transformer le piano en instrument à  percussion. Cast a cold eye, contient un furieux mouvement ascendant du piano. Ce dernier est d’une telle longueur, d’un telle souffle (en réalité, il structure presque tout le mouvement) qu’il semble enfin incarner les expériences de mouvements mélodiques perpétuels de Jean-Claude Risset. (A Garden) Le compositeur parle d’ « ésotérisme et d’humour noir » dans sa musique. On ressent bien ici le second de ces éléments … dans ces sonorités graves et grinçantes, ces montées cancanantes du cor anglais ou barrissantes du cor. Le dernier mouvement accentue encore, mais sans lourdeur, ce « devenir animal », comme eût dit Deleuze, des instruments. Fafchamps parvient à préserver l’impression d’un ordre mystérieux dans les cacophonies les plus joyeuses. On ressent toujours la présence souterraine d’un « maître du jeu », un soupçon de stravinskisme. Voilà  un style réellement très original et maîtrisé. Poétique et drôle, et en tout cas une excellente surprise.

Jacques Amblard, janvier 2005

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