Extraits de presse
Les extraits de presse sélectionnés sont présentés dans leur langue originale.
Ensemble(s) [LL]
À propos de la parution du disque Ensemble(s).
Jean-Luc Fafchamps (1960-) ; Musiques Nouvelles, The European Contemporary Orchestra, Jean-Paul Dessy, Claire Bourdet. 58’51″ – 2024 – Livret : anglais. Sub Rosa SR547.
La Libre – Arts Libre
Figure incontournable de la création musicale, Jean-Luc Fafchamps est à un carrefour de son existence. Lui, le rigoureux militant, chantre d’une musique libre et décomplexée, s’abreuvant aux sources infinies d’un horizon musical sans œillères, passant de Bashung à Stravinsky, connaît aujourd’hui les honneurs. Ses opéras sont créées à la Monnaie et le voilà membre de l’Académie. L’hermine et le tricorne pour ce William Burroughs schaerbeekois. Le présent enregistrement témoigne de la longue et belle collaboration que Fafchamps entretient avec Musiques Nouvelles de Jean-Paul Dessy. Cinq œuvres qui démontrent l’extraordinaire versatilité de l’homme, la plus impressionnante étant le « Lettre Soufie T(A’) », gigantesque plan séquence passant sous sa lentille le catalogue d’influences et d’humeurs qui constituent son terreau créatif. ***
Camille De Rijck, 4 septembre 2024
Ensemble(s) [CM]
À propos de la parution du disque Ensemble(s).
Jean-Luc Fafchamps (1960-) ; Musiques Nouvelles, The European Contemporary Orchestra, Jean-Paul Dessy, Claire Bourdet. 58’51″ – 2024 – Livret : anglais. Sub Rosa SR547.
Crescendo Magazine
Sub Rosa collecte sur ce disque, opportunément titré Ensemble(s), cinq compositions, écrites à différentes époques, dans différents contextes et aux options esthétiques différentes, par un compositeur belge au catalogue fourni, pilier pianistique de l’ensemble Ictus, prolixe et inventif.
Avec l’espoir, ingénu mais vaillant, de changer le cours (ne serait-ce que) d’un événement, The Wave, sur un texte d’adolescent (de 55 ans, mais qu’importe) aux yeux saturés d’idéal (égalité, justice… ces valeurs-qui-deviennent-choses et qu’il nous est si facile d’oublier une fois lancés dans la vie-active-reproductive-accumulative…), se fâche contre la gestion européenne, économique et financière, de la crise de la dette grecque, où FMI et BCE jouent des gendarmes ayant perdu Guignol, dans une saynète dépouillée d’humour : la musique, pour grand ensemble, gronde, grince des dents, fracasse (les percussions, mais pas que) dans des élans rageurs ; sombre, elle suit les mots qui déplorent la perte du rêve et convoque la mort comme grande égalisatrice. (Je me souviens de l’incompréhension d’alors de mon ami Heracli – pourtant lui-même entrepreneur –, au prénom révélateur mais installé au cœur de l’Europe depuis aussi loin qu’il s’en souvienne, atterré devant la rigueur punitive s’abattant sur ses concitoyens d’origine.)
Tout autre s’annonce Ainsi une courbe…, écrite en mémoire d’Arthur Grumiaux, violoniste virtuose et pédagogue issu de Villers-Perwin, au nord de Charleroi : mélodique avec un cheminement pas si prévisible, la pièce, enroulée autour du violon de Claire Bourdet, « limpide et sobre » (comme le jeu du célébré) mais expressément expressive, se montre souvent grave, voire comminatoire – comme une injonction juste et intimidante.
Les lettres Soufies sont à Jean-Luc Fafchamps ce que la pierre philosophale est à l’alchimiste : un grand œuvre (plus d’une vingtaine à ce jour – il est possible qu’il y arrive), ambitieux, inspiré du Jawâhiru’l Khamsah, le tableau soufi aux symboles reliés aux 28 lettres de l’alphabet arabe, où 28 compositions construisent un ensemble, fourmillant d’interrelations complexes, exhaustif et complet – dit comme ça, on douterait de la raison du compositeur, mais à entendre la musique, on frétille et on saute sur place, réjoui et surexcité. D’ailleurs, c’est le hasard, stratégie oblique de l’instant, l’accident et la mutation, darwinienne, qui, peut-être plus encore que le cerveau volontaire derrière sa partition, structure et déstructure l’ensemble(s). Ahurissant.
Tout autre est Attrition, plus ancienne et au titre polysémique : dans le contexte religieux, elle a trait au regret de l’offense au dieu ; militaire, elle vise l’épuisement des ressources de l’adversaire (mais oui, l’autre, celui d’en face) ; administrative, elle raconte la réduction progressive et par voie « naturelle » (départs volontaires, décès) de l’effectif d’une entreprise ; dans le domaine médical, elle se réfère à la contusion causée par frottement – et c’est le frottement qui occupe ici le musicien, celui de l’archet sur la corde, développé comme un face-à-face entre un tissu limpide et une attaque abrasive (le suraigu, le grave), au final heureux où les deux couches font la paix et se fondent l’une dans l’autre.
Comme un exercice de style, un défi à la facilité qui fait de la distinction une taxonomie, Multiple, qui termine le disque, invite à sa table Ennio Morricone et Philip Glass : si les deux naissent à moins d’une décade d’intervalle, composent et voient leur musique largement diffusée, les différences, esthétiques, de contexte, d’époque même, sautent plus aux yeux que ce qui les unit. Dans cette pièce à l’ironie scintillante, Fafchamps assemble, Fafchamps rassemble – et fait la nique à ceux qui pointent du doigt la différence-cause-du-mal.
Son : 8 – Livret : 8 – Répertoire : 9 – Interprétation : 8
Bernard Vincken, 11 juillet 2024
Polaroïds, là où est l’Ensemble Hopper aujourd’hui
Crescendo Magazine
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La chose s’entame d’un parfum délicieusement décadent, exhalé de l’atmosphère intrigante du Khorram ân ruz, pièce de Jean-Luc Fafchamps, créée par l’ensemble Hermès au Singel d’Anvers le 25 avril 2018, autour du texte du philosophe mystique Hafez, perse de Chiraz au 14ème siècle : le poème parle de l’espoir du retour chez soi et la musique naît (autour) de la voix de la soprano nantaise Donatienne Michel-Dansac, la première sans cesse ramenée à la seconde (et versa-vice) – en particulier par l’électronique du Centre Henri Pousseur (la réverbération par convolution, qui simule les caractéristiques sonores d’un espace, réel ou virtuel).
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Bernard Vincken, 17 janvier 2024
Fafchamps ne manque pas sa connexion
À propos de la création de la première de Soleils Brûlants, orchestre philharmonique royal de Liège.
La libre
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On a quitté Jean-Luc Fafchamps en 2022 entre deux épisodes de son opéra Est-ce la fin? à la Monnaie (la troisième est en cours d’écriture) et avec la création de sa première symphonie (Ombres célestes) à Ars Musica. Et ce week-end nous avons retrouvé le compositeur bruxellois à Liège puis Bruxelles pour la création de Soleils brûlants une nouvelle pièce pour orchestre dans le cadre du cycle de son Lettres soufies : un cycle de 28 pièces basées sur les 28 lettres de l’alphabet arabe, mais qui sont aussi des lettres comme une correspondance avec l’auditeur.
Nicolas Blanmont , 22 janvier 2024
À propos de « Kiki à Paris »
de nieuwe muze
Brussels International Guitar Festival
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Het programma van de drie bevriende musici, die er elk ook hun eigen solocarrière op na houden, vloeide van klassieke componisten als Poulenc, Debussy en Boulanger naadloos over in de ontwikkeling van het Franse levenslied, zoals Kiki dat zelf ook zong in de Parijse cabarets. Diverse vooruitstrevende, vrijgevochten vrouwelijke chansonnières passeerden de revue, van Brigitte Fontaine en Barbara tot Jane Birkin en Dalida. De ongebruikelijke bezetting van stem, gitaar, viool en het sporadisch gebruik van backing tracks bleek wonderwel te werken dankzij de originele arrangementen die componist Jean-Luc Fafchamps speciaal voor dit project had gemaakt. […] Een toegift van Reynaldo Hahns ontwapenende A Chloris werd door het Brusselse publiek juichend ontvangen.
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Marnix Bilderbeek , 30 november 2023
Au-delà de la nuit, au-delà des frontières
À propos de la création de « En suspens », concerto pour piano et orchestra à cordes, par Stephane Ginsburgh (piano), Musiques Nouvelles et Jean-Paul Dessy (direction)
Crescendo Magazine
Est-ce une surprise ? En suspens (la référence à György Ligeti est assumée), le concerto pour piano et orchestre à cordes né de l’imaginaire de Jean-Luc Fafchamps, mené avec la poigne, la vitalité, la hardiesse dont chacun dans la salle sait Stéphane Ginsburgh capable (en témoigne l’accueil à son entrée sur scène, plus enthousiaste encore depuis son départ à la Haute école de musique Genève -Neuchâtel ?), est le véritable moment fort du programme : audacieux, débordant de caractère (chaque effet a sa raison d’être, comme si l’ensemble entier en dépendait), capable de frénésies dévastatrices (où le soliste maltraite sa machine qui le lui rend bien), maniant les contrastes comme autant de soleils après l’orage, parsemant la sérénité apparente d’une terreur diffuse (chaque moment de respiration a son hiatus)… luminescent d’un bout à l’autre de ses trois mouvements. Une surprise ? Non, car on sait le talent du compositeur ; oui, car à chaque coup, il nous cueille.
Botanique, Grand Salon, Bruxelles, le 12 mai 2023
Bernard Vincken, 16 mai 2023
Les Amours de Madame Tchabaï
À propos de « Il est quelqu’un sur terre » (Carrère – Krüger – Walnier)
CLASSICA
[…]
Reste le gros morceau : Les Amours de Madame Tchabaï. C’est là un produit hors norme, puisqu’il s’agit de six chansons d’interprètes francophones plus ou moins connus (Yvette Théraulaz, Brigitte Fontaine, Serge Gainsbourg, Claude Semal…) délicatement arrangées par Jean-Luc Fafchamps (né en 1960). Ce faisant, on passe de la variété « littéraire » à la chanson classique – ou presque, car, pour l’occasion, Albane Carrère, mezzo léger au timbre agréable, change sa voix comme si elle utilisait un autre instrument, qu’elle maîtrise aussi bien que l’instrument classique, faisant valoir une polyvalence musicale et une belle réflexion sur la pratique vocale.
Jacques Bonnaure, septembre 2022
Les métamorphoses vocales d’Albane Carrère
À propos de « Il est quelqu’un sur terre » (Carrère – Krüger – Walnier)
Le Monde
[…]
Comme ses aînés, le compositeur belge né en 1960 reprend, certes, des chansons préexistantes mais celles-ci, signées Brigitte Fontaine ou Alain Bashung, n’ont rien de «populaire» au sens de «folklorique» comme, par exemple, les Chants corses, de Tomasi. Il en résulte une suite du genre cabaret (Les Amours de madame Tchabai) utilisant à merveille Albane Carrère en femme fatale. Avec comme dommage collatéral l’impossibilité d’écouter, après elle, les interprètes habituels des morceaux (Belle abandonnée, Madame rêve).
Pierre Gervasoni , 12 août 2022
Esquissé comme un Bob Morane, Jean-Luc Fafchamps ouvre ses carnets d’aventurier
À propos du disque Carnets de voyage, quatuor MP4, Jean-Luc Fafchamps. Cypres.
Crescendo Magazine
[…]
Esquif, Lettre Soufie khà’, la 15e sur les 28 que compte l’alphabet arabe, met MP4 au défi : celui de résister à la tempête électronique qui se déploie alors que les cordes, surprises au saut du lit, luttent pour une vie plus acoustique ou, mieux, celui de se nourrir du chaos numérique pour déconfire l’envahisseur -renversement logique de la lutte du Taenia Saginata pour la conquête de l’intestin grêle. Nuages vus du ciel (trio à cordes et Fender Rhodes) est le calme après l’orage, celui du regard qui plane, juste assez hagard, derrière un hublot (cette fois d’avion, non plus de bateau), une sérénité qu’égratigne à peine des cordes qu’on gratte, qui laisse sourdre ces « perles de pluie, venues de pays où il ne pleut pas ».
Bernard Vincken, 14 mai 2022
À la Monnaie: Is this the end? #2, le labyrinthe des limbes de l’Enfer au Paradis
La Monnaie de Bruxelles propose Is this the end #2 ?, « Here’s the woman ! » deuxième volet du « pop-requiem » conçu par Jean-Luc Fafchamps sur un livret anglais d’Eric Brucher et une mise en scène et un concept filmique d’Ingrid von Wantoch-Rekowski.
Bien entendu, la vision préalable, repostée en ligne par La Monnaie sur son site, du premier « épisode », « Dead little girl » destiné au streaming, à l’époque incertaine des confinements de l’automne 2020, peut aider à la compréhension de l’action de ce deuxième « acte ». Mais par sa puissance suggestive ce nouveau volet, peut être visualisé pour lui-même, sans introduction préalable : le livret est basé sur un même canevas mais vécu cette fois au travers d’un autre personnage : The Woman, une diva à la recherche de l’absolu par delà la vie et la mort, dont on apprend par le défilé d’incessantes breaking news, qu’elle fut frappée d’un violent malaise dû au surmenage et happée dans l’univers des limbes par leur porte d’entrée que constituerait selon le livret l’Opéra de La Monnaie !
La première partie « Dead Little Girl » était donc centrée sur l’adolescente rebelle et révoltée contre l’injustice de son sort (incarnée par la stratosphérique et magistralement exacerbée colorature Sarah Defrise, plus ponctuellement présente cette fois) frappée alors, apprend-on cette fois, par le voltage trop puissant d’un logiciel immersif lors d’une rave party. « Here’s the woman » creuse davantage l’aspiration à la lumière éternelle et à un amour immatériel de cette femme artiste incarnée par une très émouvante et idéale Albane Carrère, à la voix chaude profonde et ronde, en parfaite connivence dramatique et lyrique avec le rôle. The Man – toujours campé dans un tout autre registre vocal par le chanteur de jazz-rock Amaury Massion « Lylac » – figure centrale du futur troisième opéra – semble plus encore ici, par bribes, chercher désespérément la femme qu’il aimait, ralenti dans ses mouvements, sa pensée et son débit, par la froideur ressentie, et les pannes d’électricité du système de cryogénisation.
Ce second volet tient du semi-direct : l’orgue (celui de Notre–Dame du Sablon d’une subtilité ductile et d’une puissance térébrante) et le petit ensemble de chambre et les chœurs ont été préenregistrés et spatialisés avec parfois de légers effets de « surround » très cinématographiques. Seules la plupart des interventions des trois solistes du chant sont en direct. Mais leur présence scénique dialogue avec leur propre image quasi holographique. Car scéniquement c’est un dialogue virtuose entre vidéos projetées sur supports toilés translucides, portés par un écran-polyptique imité des retables de la Renaissance et acteurs/chanteurs réellement présents, tantôt évanescents derrière ces toiles translucides, tantôt plongés en pleine lumière dans des teintes rubicondes ou mordorées, dans une collision d’imageries mêlant référence à l’ancienne peinture flamande et aux films ou « comics » d’anticipation. Le tout est relevé par les splendides costumes quasi baroques signés Régine Becker.
Si le déroulement du livret peut, par moment, faire penser à une parodie théâtrale d’un requiem religieux (Introit, Kyrie, Lux aeterna), si par leur rôle, les chœurs spatialisés, à la fois commentent et participent à l’action, le ressort dramatique principal du récit naît de l’aspiration de The Woman à une sorte de félicité lumineuse éternelle barrée par les réminiscences d’une vie terrestre pleine de turpitudes et diverses épreuves dans l’Au-delà, tenant quasi de l’Enfer. Ce même si elle prétend, munie d’une impressionnante épée, avoir pris le dessus de ses passions terrestres.
Bloquée par la suite dans une espèce de purgatoire, elle est inquiétée par un chœur condamnant son égocentrisme latent, puis plus loin par un carnaval de monstres : impressionnant défilé vidéo de trolls, gobelins ou harpies auxquels se mêlent minotaure, sphinx, spectres de Dante ou de Jim Morrison (this is the end, chantaient les Doors), voire même, plus avant, des images 3D de quelques musiciens d’orchestre et même le chef d’orchestre Ouri Bronchti qui s’est prêté malicieusement au jeu.
Mais surtout, par sa rencontre dans une « geste de l’amour physique », la Femme-artiste prend sous sa protection platonique et idéalisée, en un somptueux duo néo-tonal (peut-être le sommet d’intensité lyrique de la partition) l’adolescente, laquelle, toujours vierge, ne rêvant que de relations érotiques intimes, fussent-elles lesbiennes. Un duo épique et transcendant dont la conclusion est longtemps différée, après plusieurs scènes cauchemardesques sur le chemin de l’amour éternel, dans une symphonie de rouges évoquant l’ardent désir d’absolu, peu avant la conclusion de l’œuvre.
Pour sa partition, Jean-Luc Fafchamps maîtrise un impressionnant maëlström sonore, brassant, avec une cohérence dramatique étourdissante, les références d’un polystylisme déconcertant. Depuis le prélude d’orgue augural (qu’il mime lui-même sur un clavier imaginaire, dans une tenue tenant à la fois du croque-mort et du magicien), que l’on pourrait croire issu du Livre du Saint-Sacrement de Messiaen, aux réminiscences modales sises dans la banlieue franco-flamande lors des énoncés rituels choraux, des chansons de geste moyenâgeuses aux duos féminins les plus érotisés de la littérature opératique, jusqu’au rock le plus noisy ou au rythme obsédant de la musique électro-techno lors de l’évocation de la rave–party fatale à l’adolescente. Ailleurs ce sont les songs plutôt bluesy confiés à The man voisinant avec les percussions rituelles japonaises (les taïkos) ou berbères (les bendirs) ponctuant les moments plus rituels.
La réalisation technique du spectacle s’avère très léchée, tant sur le plan d’une technique vidéo très pointue, que d’un design sonore redoutablement efficace. Certes, il s’agira de jauger l’œuvre dans sa globalité une fois la trilogie complétée, mais d’ores et déjà voici, avec ce second volet une création subjuguante par sa puissance d’évocation d’expériences limites, telles que décrites par des humains « revenus » à la vie après une situation de mort quasi imminente. Les chœurs, préparés efficacement par Alberto Moro et le petit ensemble orchestral (à un instrumentiste par partie), préenregistrés, sont dirigés de main de maître par le jeune chef israélien Ouri Brochti, lequel avait déjà assumé courageusement la création et les représentation de Dead little girl voici dix-huit mois, au surlendemain du décès inopiné, juste à l’orée de la générale, du regretté Patrick Davin, de cette production au titre sinistrement prémonitoire.
Benedict Hévry, 27 april 2022
Is This The End ? Here’s The Woman ! (VU à La Monnaie à Bruxelles)
Journal de bord – de scène
Un fascinant dépaysement, aussi beau qu’interpellant, une expérience sensorielle, une expérience intellectuelle. Sur le plateau, un immense triptyque d’église gothique. Dont les panneaux vont étonnamment s’animer : personnages en mouvements, surgissements et disparitions d’êtres étranges, apparitions en filigrane, figées ou en mouvement. Des couleurs intenses, dont un rouge incandescent. Une fête sonore aussi dans les interventions de trois solistes (Sarah Defrise, Amaury Massion, Albane Carrère), d’un petit ensemble musical (dirigé par Ouri Bronchti) et de sons divers. Des textes aussi en bande défilante sous le tableau. Cette femme-là, en rouge, avait tout fait, croyait-elle, pour accéder, la mort venue, à la lumière ultime, au plus haut amour. Nous voilà hypnotisés, fascinés. Par les textes défilants, d’information sur les volontés de plus en plus affirmées de refuser la mort, ou d’étonnement personnel face à ce qui est une attente déçue. Par cette musique aux tonalités variées, conjuguées, polyphonique ou rock, par le chant. Interpellation des sens et du sens. On continue à voir, à entendre, à penser après l’immersion dans ce triptyque conçu par Jean-Luc Fafchamps, Eric Brucher et Ingrid von Wantoch Rekowski
Stéphane Gilbart, 27 april 2022
Hoe vrouwelijkheid een operavoorstelling redt van de grootspraak
★★★★☆
Het tweede deel van de operatrilogie Is this the end? in De Munt stelt de vrouw centraal. Gelukkig maar. Het redt de voorstelling van de grootspraak.
De operatrilogie van Jean-Luc Fafchamps over de overgang tussen leven en dood is in De Munt aan haar tweede deel toe. Het eerste was een (vanwege corona) gestreamde mix van livemuziek op het podium en in de zalen en gangen van het Muntgebouw opgenomen filmbeelden. Het tweede vindt in de kleine Malibran-zaal plaats en is opnieuw een mix van video en live, maar ditmaal samengebracht in een retabelvormige installatie op het podium. Op de transparante schermen van dat retabel worden opnieuw filmbeelden geprojecteerd: een amalgaam van operaclichés (indrukwekkende jurken, statige bewegingen, veel melodrama), uit middeleeuwen en renaissance gesprokkelde groteske taferelen (heksenprocessen, bezweringen, hoofse liefde) en flitsen uit het hedendaagse leven (een raveparty). De hoofdpersonages – de man, de vrouw, het meisje – spelen erin mee, maar verschijnen soms ook parallel ermee zichtbaar en live zingend achter het scherm. Het eclecticisme van de beelden wordt gespiegeld in de muziek van Fafchamps, die referenties aan de troubadours en de eerste generaties polyfonisten combineert met hedendaags klassiek, pop en rock.
[…]
Stephan Moens, 27 april 2022
Avec le vibrant Here’s the woman!, Jean-Luc Fafchamps enthousiasme la Monnaie
Quand on investit la salle Malibran, au sixième étage des Ateliers de la Monnaie, recrachés hors de l’ascenseur dimensionné comme un monte-charge, déjà quelque chose se passe sur la scène qui n’en est pas vraiment une : deux hôtesses et un hôte, aux tailleurs et costume bleus et stricts, évoquant la bonhomie stylée de la Sabena époque Atomium, font face au public -qui bruisse de l’excitation avant ce qu’on pressent comme un événement. Chacun prend place pour la première de Is this the end? #2 – focalisé, après Dead Little Girl, premier volet (sur trois) dédié à l’Adolescente, créé en septembre 2020 (et livestreamé pour cause de C…)-, sur la Femme, rouge et atmosphérique. Soulignant d’invites répétées les phrases défilant au bas de l’élément central du triptyque, articulation unique du décor, pour l’heure figurant les tuyaux illuminés de l’orgue, les hôtes en bleu (et bientôt en gants blancs -à l’occasion index dressés) endossent le rôle d’ironiques maîtres de cérémonie, tour à tour poteaux indicateurs, machinistes, pourvoyeurs d’émotion, aussi dérisoires qu’essentiels.
Grandes orgues virtuelles donc, au jeu mimé par le compositeur en redingote étincelante qui ouvre le rideau, dos à l’audience, mains virevoltant dans l’espace, puissance sonore restituée en soundscape pour un effet immersif. Car, dans le désordre pandémique, il a fallu à nouveau s’adapter, même si Here’s the woman! bénéficie cette fois d’un public parfaitement humain et présent en nombre : l’orgue, l’orchestre et les chœurs sont enregistrés et les chanteurs sont le biotope vivant d’un opéra qui s’échappe de l’ordinaire à plusieurs titres et fait de la contrainte une redoutable opportunité créative.
L’idée d’une œuvre en trois épisodes naît en mai 2020 de la demande de la Monnaie confrontée au report d’un an de The time of our singing de Kris Defoort : Jean-Luc Fafchamps prend le défi au vol et choisit de donner la voix à trois personnages en transit, mi-vivants mi-morts, chacun centre d’un volet. Si le premier utilise déjà le cinéma (un film tourné dans les coulisses de l’institution) comme allié des solistes, des musiciens de l’Orchestre symphonique et des Chœurs de la Monnaie, le deuxième donne au visuel (trois sources d’images densément colorées par les costumes de Régine Becker, figurant personnages, chanteurs, musiciens -et Ouri Bronchti, le chef d’orchestre- et projetées indépendamment sur les trois panneaux de l’ingénieux polyptique imaginé par Ingrid von Wantoch Rekowski) les rênes d’une histoire qui se fraie un accès majeur à nos cerveaux par les oreilles et par les yeux. Et encore est-ce négliger la dimension de l’illusion, celle par laquelle on s’interroge sur nos sens quand la scénographie mêle les plans qui nous révèlent des intervenants projetés mais présents, troubles derrière leur propre image ou insérés « en vrai » dans une porte ouverte entre deux panneaux, et qui sert avec malignité l’ambiguïté de notre finitude, qu’on aime tant voir suspendue telle un aller simple vers des jours meilleurs (comme si la vie n’était pas le meilleur des jours), repoussée indéfiniment (mais toujours sous condition : la chasteté, le prosélytisme, le silence, le CAC 40…).
Le livret d’Eric Brucher offre à la Femme, qui a lutté et combattu, « étouffé les fatigues du vendredi » et aspire à la lumière, au repos en paix, la déception de l’orgueil, dure et injuste, le recul effaré sur la croyance ; à l’Adolescente, la révolte et le secret de la concupiscence ; à l’Homme, peut-être, de « tout geler puisque tout dégèle » : le langage est cruel, mais moins que le monde, dont les dimensions s’effritent et effraient. La musique de Jean-Luc Fafchamps parcourt un spectre si élastique qu’à l’énoncer on s’interroge, mais qu’on absorbe, entrechoqué, avec un aveuglement croissant : il prend à la chanson de geste, à Johannes Ockeghem, à la toxicomanie de la techno, à la flamboyance de Scriabine -et à son habileté personnelle à dilater le monde sonore, à l’expanser hors de ses dimensions d’espace et de temps. Ce à quoi participent les breaking news qui défilent sous l’écran, autant d’irruptions des peurs et des fulgurances du monde humain, qui piétine le permafrost pour attraper la jeunesse éternelle et qui rêve de transcender la mort et ne parvient qu’à réchauffer la terre.
« Choc à l’opéra : l’immense diva “The Woman”, que l’on savait souffrante, a été victime d’un tragique accident. Erreur médicale ou stress endémique dans les milieux lyriques devenu fatal ? » Sur l’autel de l’ingrédient secret de l’identité belge, Is this the end ? du trio Fafchamps, von Wantoch Rekowski et Brucher rejoint la pipe de René Magritte, la Castafiore d’Hergé et l’Eurovision de Telex : qu’importe qu’il y ait une « vie après la mort », le public, allumé par cette première (jouée deux fois chaque jour de représentation) sait battre des mains, dire son plaisir -et reconnaître la « vie avant la mort ».
Bruxelles, Ateliers de la Monnaie, le 21 avril 2022
Bernard Vincken, 25 avril 2022
Alla Monnaie “Is this the end” parte seconda
Applaudita nuova creazione del compositore Jean-Luc Fafchamps
giornaledellamusica.it
Recensione | classica
La prima parte è stata uno dei primi nuovi lavori presentati dopo lo scoppio della pandemia di Covid, un “pop requiem” interamente registrato e visibile solo in streaming, ed è stato un grande successo riuscendo a trovare la giusta via per affascinare ed emozionare, antico e modernissimo allo stesso tempo, con tutti gli ingredienti dell’opera. La prima parte di “Is this the end” ti portava alla Monnaie, anzi in più di consentiva di scoprirne i corridoi e tut le altri parti normalmente non visibili al pubblico per parlare di morte, anzi per l’esattezza di limbo tra la vita e la morte. E se nella prima parte, dal sottotitolo “Dead little girl”, la protagonista è una ragazza, il soprano, la seconda parte è adesso “ Here’s the Woman!” ed al centro della scena c’è invece la dama, il mezzosoprano, che già appariva in sala nel suo meraviglioso abito lungo rosso nel primo episodio della serie. Previste infatti tre parti, e tre sono i protagonisti principali. La terza parte, già si sa, che sarà dedicata al giovane uomo, il cantante pop, ed sarà ambientata nel futuro. Se la prima parte era, quindi, in un contesto di contemporaneità, la seconda invece ha il sapore del passato e la scena, stavolta in teatro (nella Salle Malibran della Monnaie) è letteralmente inquadrata in un trittico che di immagini che sono suggestioni dove la realtà, i cantanti che cantano da vivo da dietro una tela più o meno opaca, si confondono in un gioco di sovrapposizioni con le scene registrate, realizzando così quel limbo dove lo spazio e il tempo si mescolano, il passato e il presente diventano un tutt’uno, e si possono anche incontrare quindi tra loro personaggi che appartengono ad epoche diverse. In un tale quadro scuro dal gusto gotico, la musica del brussellese Jean-Luc Fafchamps è ricca di citazioni di composizioni per organo e canti polifonici, ma richiama anche moderne messe cantate arricchite con strumenti elettronici, facendo venire in mente pure musical come Jesus Christ Superstar. Siamo sempre in una mescolanza di stili, dal barocco al jazz al pop, come nella prima parte, ma qui i riferimenti alla musica antica sono più evidenti, coerentemente con il soggetto della seconda parte. Il libretto, in inglese, è del romanziere belga Éric Brucher, anche lui come il compositore Fafchamps alla sua prima esperienza d’opera, e pur essendoci un minimo di storia alla base si presenta, in parallelo alla musica, più come una serie di input – espressioni di desideri, riflessioni, ricordi, emozioni – che stai poi al fruitore elaborare in base al proprio vissuto. L’interprete principale è in questa seconda parte il mezzo austriaco Albane Carrère, voce allo stesso tempo sensuale, morbida, ma con begli acuti luminosi, che incarna perfettamente un’antica femminile nobile anima in pena ma anche con tutto lo strazio delle madri che perdono il figlio. Al suo fianco, il giovane soprano belga Sarah Defrise che, come nella prima parte, ben riesce con la sua bella voce impostata ma fresca a rendere una partitura con molti tratti stridenti, grida d’aiuto ma anche di protesta. Impressione d’attualità che è poi ancora più evidente, naturalmente, sopratutto quando canta Amaury Massion, nome d’arte Lylac, cantante pop folk, davvero assai piacevolmente ben integrato nel contesto lirico che contribuisce assai a rendere più vivace a. Le scene sono di Ingrid Von Wantoch Rekowski, con i video di José Huedo, e sono un fiume di citazioni di opere della storia dell’arte antica e contemporanea, ravvivate dai costumi bizzarri dal colore rosso dominante di Regine Becker con tocchi di futuro che anticipano la terza parte. Coro e Orchestra da Camera della Monnaie registrati in voce e immagini, ma il maestro Ouri Bronchti è pure in presenza per dirigere i cantanti.
Alma Torretta, 25 aprile 2022
Is this the End? Part 2 Here’s the Woman! in de Munt: een frisse wind in het operagenre
Klara.be
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De muziek van Fafchamps, gedirigeerd door Ouri Bronchti en gespeeld door een kamermuziekbezetting aangevuld met saxofoon, keyboards, elektrische gitaar en enkele traditionele percussie instrumenten, is vooraf opgenomen. Daarin hoor je zowel invloeden van middeleeuwse polyfonie van de Franco-Vlaamse meesters (in de koren) als flarden rockmuziek en hier en daar donderende orgelklanken (opgenomen op het orgel van de Zavelkerk). De solisten zingen live maar dat is niet altijd duidelijk zichtbaar en zo ontstaat opnieuw een ambiguïteit tussen realiteit en fictie. Net zoals in de enscenering van het limbo een gevoel van tijd en ruimte verdwijnt, gaat de muziek ongemerkt over van een barok lamento naar een emotionele popsong, van een ontroerend duet over eros en thanatos tussen sopraan en mezzosopraan naar een totaal extatische jazzrock waarin Miles Davis’ Bitches Brew niet ver weg is. De twee operastemmen zijn top!: Albane Carèrre met een prachtig diep timbre en gedragen lyriek contrasteert met Sarah Defrise (jonge musicus van het jaar Caecilia prijzen 2021) in haar nerveuze coloraturen en uithalen. De rockstem van Amaury Massion is misschien voor opera diehards even wennen maar zijn mooie timing en inleving maken zijn bijdrage evenwaardig. Ik ben zeer benieuwd naar deel 3 van Is This the End? waarin Amaury Massion, de verdwaalde man in het limbo, een centrale rol zal krijgen.
Is this the End? is een mijmering over leven en dood, gaat door merg en been en is toch niet zwaarwichtig. De voorstelling brengt een frisse wind in het operagenre, een soort verjongingseffect wat ook te zien is aan het publiek deze dagen in de Malibranzaal van de Munt.
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Sylvia Broeckaert, april 2022
Quatuor MP4 – Carnets de voyage
RECENSIE | KLASSIEK
Portretschetsen voor strijkkwartet
Cypres
Fluisterend trekt het Quatuor MP4 zich op deze Carnets de voyage met muziek van Jean-Luc Fafchamps op gang. Al snel ontaardt het gezucht in dreigende boogstreken. Er zweeft een waas bitterzoete nostalgie door het stuk. Als we dit muzikale zelfportret mogen gelo-ven, kan het niet altijd fijn vertoeven zijn in het hoofd van de componist, maar met hun uitvoering schetsen de uitvoerders hem wel fotorealistisch.
De grote sterkte van deze opname is de manier waarop het strijkkwartet – door hun lange samenwerking – Fafchamps muziektaal verstaat. Die is ontegensprekelijk hedendaags, maar met een laatromantisch gevoel voor vertelkracht. Dat begrijpt het Quatuor MP4. Bij In memoriam Harry Halbreich gaan ze de repetitiviteit niet minimali-seren, maar baden de korte cellen net in dramatiek. En in de disparate lijnen van Les désordres de Herr Zoebius weten ze het theatrale karakter van het stuk te bewaren. Als goede vrienden die elkaar woordeloos begrijpen.
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(jc), 13 april 2022
De la transcription aujourd’hui – Forumopera
Arranger les œuvres de ses prédécesseurs en les adaptant à son propre langage ne date pas d’hier. Si Franz Liszt en fut probablement l’exemple le plus prolifique (ce avec plus ou moins d’intérêt selon qu’il s’agit d’un arrangement, d’une transcription ou d’une grande paraphrase de concert), la pratique est toujours bien vivante aujourd’hui : Sciarrino et Gesualdo, Abrahamsen et Schumann, Zender et Schubert, etc.
Le compositeur belge Jean-Luc Fafchamps propose à son tour de revisiter quelques œuvres vocales du compositeur de lieder par excellence. Plutôt que de proposer une esthétique frontalement contemporaine, il privilégie un glissement progressif du langage classique vers son esthétique propre, par déformation de l’harmonie, du rythme, ou par ajout de techniques de jeu inhabituelles. On notera le soin apporté dans l’appellation de chaque travail de réécriture : « transcription », puis « transcription légèrement modifiée », « arrangement », « transformation » et enfin « d’après une idée de Schubert ». L’exercice de contamination fonctionne très bien, et, pour l’observer d’encore plus près, on n’aurait certainement pas boudé quelques lieder supplémentaires.
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Alexandre Jamar, jeudi 15 août 2019
Le quatuor Alfama et Albane Carrère présentent still Schubert – Crescendo
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Après l’interruption, le quatuor revient avec la mezzo-soprano Albane Carrère pour nous présenter Lust auf Sehnsucht (mit Schubert wandern). Écrite en 2017 par le compositeur belge Jean-Luc Fafchamps, l’œuvre basée sur 7 Lieder de Franz Schubert se voulait, à l’origine, une pure transcription pour quatuor à cordes et mezzo-soprano. Mais c’était sans compter sur l’audace du compositeur qui est allé plus loin. Jean-Luc Fafchamps part de la musique de Schubert et se l’approprie au fur et à mesure : si le premier lied est bien une transcription, le dernier est une composition personnelle sur un texte de Goethe. Dans un univers d’une grande poésie, le public est subtilement mené de Schubert à Fafchamps et se laisse emporter dans ce captivant voyage.
La chanteuse Albane Carrère présente une personnalité attachante. Les phrases sont soignées jusqu’au bout, la voix est pure et se fonde parfaitement dans le son du quatuor. Ces cinq artistes à la vue ne forment plus qu’un à l’oreille.
Le public applaudit chaleureusement les artistes et le compositeur.
Estelle Lucas, 21 juin 2019
Mind-baiting new music with a click-hating title – On An Overgrown Path
Just as the acid test of a new composition is whether it survives beyond its first performance, so the test of an outlandishly ambitious cycle of new music is whether it survives beyond the first composition. Using that acid test, Jean-luc Fafchamps Sufi Word cycle is the real thing. Back in 2012 I wrote enthusiastically about the first release by Sub Rosa in the cycle. This was titled KDGhZ2SA, a Six-letter Sufi Word and was performed by Ensemble Ictus and the Orchestre National de Lille conducted by Peter Rundel. It was followed in 2016 by the second work in the cycle, offering equally chewy music with the equally click-hating title of YZ3Z2Z1S2, a Five-letter Sufi Word.
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H1KhH2WM (Du Seuil), a Five-letter Sufi Word […] is another sonic and cerebral spectacular, this time expertly performed by the Ensemble Musiques Nouvelles, Centre Henri Pousseur; conducted by Jean-Paul Dessy. This music digs so far beneath the crusty surface of today’s stylistic correctness you will need a flashlight and mining tools to find any mention of it on social media. Which is just one of many reasons I am strongly recommending it.
Posted by Pliable at Thursday, July 12, 2018
“H1 Kh H2 W M”, a 5-letter Sufi Word – L’Echo
Depuis l’an 2000, le compositeur belge Jean-Luc Fafchamps s’est lancé à corps perdu dans la mystique soufie et les liens symboliques qu’elle entretient avec les 28 lettres de l’alphabet arabe. Plus il en écrit, plus il apparaît évident que ces “Lettres soufies” ont des affinités les unes avec les autres et peuvent, en se combinant en mots, encore approfondir la quête de leur auteur. C’est tout le propos de ce disque qui agrège cinq nouvelles lettres en un mot signifiant “du seuil”. Chaque lettre est elle-même corrélée à un type d’effectif, d’énergie, de structure, d’attribut, de catégorie, de qualité, d’élément et de durée, qui définit sa forme et son caractère, lesquels influent ensuite sur la lettre suivante, et ainsi de suite. Dès “H1”, Fafchamps entrechoque les instruments dans un hurlement paroxystique, créant une brèche dans les habitudes d’écoute, tout en rattrapant l’auditeur interloqué par des motifs répétitifs simples. Une exploration de timbres, finement développés par l’électronique, et un cheminement de l’hostilité à l’amour, où l’ivresse de réminiscences populaires porte l’auditeur engagé à un autre degré de conscience et d’émotion.
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Xavier Flament, 07 juillet 2018