« Lettres Soufies », public tout ouïe. Création spectaculaire, signée Jean-Luc Fafchamps, avec un mot Soufi…. même sans mode d’emploi, ni initiation à l’ésotérisme Soufi, sa musique a bien atteint sa « force de persuasion énigmatique », bonheur des sens en plus… Les musiciens proposèrent donc six lettres, de formes et de contenus très différents mais unies entre elles par une même splendeur sonore, un art de la perspective, un goût du rêve, un appel à l’espace et, couronnant le tout, une maîtrise orchestrale époustouflante. Ca, c’est de la musique ! K … fit l’ouverture : c’est une vaste pièce aux mouvements amples, aux sonorités opulentes, tour à tour compactes ou irisées, hérissées de gestes orchestraux décalés, surprenants, parfois stravinskiens, porteuse d’un monde sensoriel ouvert et foisonnant… D, confié à Ictus,… offre une écriture implacable, à la fois sinueuse et rythmique, dont le double mouvement fait circuler un perpetuum mobile entre les instruments, jusqu’à former un processus collectif de plus en plus intense et bientôt unifié. Gh, …, propose, sur un tapis sonore chuintant, une succession de thèmes plaintifs, lancinants, passant insensiblement de la douleur à la consolation – ressac, souffle, envol, silence. Z, vrillé par le hautbois strident de Piet Van Bockstael, est « terrible », à coup sûr : harcelant et… grisant. S, …, s’ouvre dans un tremolo aquatique… A, enfin, rassemblant Ictus et l’orchestre, offrit la pièce maîtresse en création : … avec une succession de péripéties éblouissantes … conduisant à une incroyable respiration « ad libitum » de l’orchestre sur fond de solo de caisse claire : Rundel range sa baguette, semble se détacher de l’affaire, jusqu’à ce que, venu de nulle part, surgisse un éclat paroxystique… Fin. Pour cette fois. Il y aura d’autres mots, peut-être avec les mêmes lettres…

Martine Dumont-Mergeay, mars 2006

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